| |

| | Le 23 février 1415 est signé la paix d'Arras entre Armagnacs et Bourguignons. Le 13 août devant le refus du roi de France ( qui ne lui promet que la main de sa fille ) Henri V débarque en Normandie et le 22 septembre s'empare de Harfleur. Le 25 octobre la chevalerie française est écrasée par les Anglais à Azincourt. Le roi Henri V retourne en Angleterre La préparation de l'offensive n'avait rien laissé a désirer. La sécurité avait été organisée sur toutes les côtes en prévision d'une contre-attaque; Jean, duc de Bedford, frère du roi, avait été nommé régent; Henry V avait rédigé son testament. Armes et soldats, approvisionnements, navires réquisitionnés dans les ports anglais ou loués aux Pays-Bas, tout était prêt, lorsque le roi s'embarqua, le 11 août, sur le
Trinity. Le lendemain, il prit terre au cap de la Hève, selon un dispositif préparé d'avance a l'aide de renseignements recueillis sur place depuis un an au moins.
|
La campagne d'Henry V s'inspire de celle d'Édouard III. Harfleur, clé de la Normandie, résista un mois; on en voulait faire un nouveau Calais; les habitants durent céder la place à des colons anglais. Comme en 1346, les Anglais obliquent ensuite vers le nord, pour passer, encore, la Somme à Blanquetaque; les Français, concentrés à Rouen sous les ordres du connétable d'Albret, avaient prévu le renouvellement d'une telle tactique. Le gué était gardé; il fallut franchir la rivière en amont, a Béthencourt, au nord de Nesle. Henry V s'inquiète ses troupes sont décimées par la dysenterie et la désertion; il pleut et l'état de la mer peut compromettre un rembarquement; il faut, en hâte, gagner Calais, car les Français ont repoussé ses propositions. Boucicault le harcèle sur sa droite; Albret l'a rejoint avec le gros de l'armée. Henry V croyait la route libre, mais ne tarda pas a s'apercevoir qu'il était pris comme dans un filet. La supériorité tactique et numérique, la possibilité de choisir le terrain, l'intégrité de l'état physique et moral des combattants, eussent dû faire d'Azincourt une victoire française (25 octobre 1415). Pour faire face à un sort douteux, Henry V étire les siens à l'abri d'une palissade de pieux, et négocie; il propose d'abandonner ses prétentions au trône. Albret, confiant, refuse. il eut le tort de masser ses troupes en profondeur sur un plateau étroit, encadré de bois, et de se priver ainsi de toute possibilité de manœuvre. Il laissa ensuite les Anglais prendre l'initiative d'attaquer, après la pluie, à leur heure, au milieu du jour; les chevaliers français, le soleil dans les yeux, criblés de flèches, ne pouvant pas charger, faute de place, décidèrent de combattre à pied; écartant la piétaille, ils se bousculèrent pour être au premier rang. Une audacieuse attaque des Anglais sur leurs flancs acheva de mettre le désordre dans cette masse d'hommes, empêtrés de leurs armures dans un sol fangeux. Les coutiliers ennemis accomplirent facilement leur hideuse besogne. La chevalerie française perdît, peut-être, 10 000 des siens; Henry V n'excepta du carnage qu'environ 500 prisonniers, en raison de l'intérêt que présentait leur rançon. Parmi les morts, il y eut les ducs de Bar et d'Alençon, le connétable d'Albret et deux frères de jean sans Peur, Antoine de Brabant et Philippe de Nevers, que la neutralité boudeuse de leur aîné n'avait pas détournés du devoir vassalique. Du Côté anglais périt le duc d'York. Prisonniers Charles d'Orléans, qui ne reviendra qu'en 1440, le duc de Bourbon et Boucicaut, qui moururent captifs; Arthur de Bretagne, comte de Richemont, revint dès 1420. On avait renouvelé l'erreur de Crécy et de Poitiers. La noblesse médiévale n'avait pas compris que la manœuvre n'est pas calcul de poltron et que le combat a pied a des exigences différentes de l'attaque a cheval, surtout a l'époque de l'invention d'armes plus meurtrières. Sans doute, la défaite n'était pas décisive. La campagne qu'elle couronnait de lauriers inespérés n'était qu'une chevauchée, et les Anglais s'embarquèrent à Calais trois semaines après. Mais l'échec, imputable aux chefs armagnacs, porta à leur cause un préjudice irrémédiable |
|
| |
| | | |