LA FAMILLE " DE GRAILLY " ET LE CHATEAU DE VILLE-LA-GRAND

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Tout naturellement, comme toutes les places fortes, VILLE-LA-GRAND avait son château. Quand fut-il construit ? On peut supposer au cours du XIIIème siècle puisque les textes nous disent que seule la Famille De GRAILLY l'occupa et cette dernière n'apparaît dans l'Histoire de Ville-La-Grand qu'à partir de 1281.

Il se situait entre le Foron, près du Juvénat, et le Bief qui coulait alors le long de ce qu'est aujourd'hui la rue du Pont neuf, à hauteur de l'ancien moulin, probablement de l'époque, qui vient d'être réhabilité en logements.

La famille DE GRAILLY régnera sur la commune pendant cinq siècles. Le dernier vestige existant encore aujourd'hui, se situe dans le sous-sol ou cave de l'École Saint-François, dit le JUVÉNAT, dont l'emplacement constituait la ferme du Château et dont les fondations sont probablement celles d'origine.

Il s'agit d'une pierre de pressoir en granit qui porte les armoiries de cette famille avec une inscription en relief : " Noble GASPARD de Grillyers, Seigneur de Ville-la-Grand m'a fait mettre icy, l'an 1553 et le 13 août ". Fin de citation.

L'histoire de la famille DE GRAILLY est longue et a été développée dans le détail par un historien, Monsieur BUATHIER, qui en a édité une brochure qu'il est possible de demander en mairie, puisqu'il en reste une certaine quantité.

De la recherche de Monsieur BUATHIER, sont apparues, du moins pour le grand public, les armoiries des De GRAILLY. Elles ornent une face de la médaille d'honneur de la ville. Avec l'élaboration de la dite médaille a été édité un diplôme l'accompagnant, remis à chaque récipiendaire. Il retrace succinctement les principaux faits qui ont marqué les générations de cette famille au cours de leur souveraineté sur VILLE-LA-GRAND. Nous nous contenterons de vous le reproduire est très difficile de déterminer quand VILLE-LAGRAND, ancienne ville romaine, est devenue Seigneurie du Moyen Age...

Jean Ier De Grailly en fût probablement l'acquéreur vers 1281, grâce à ses liens avec les Comtes de Savoie... Peu avant sa mort, en 1303, Jean Ier De Grailly légua, par testament public, à son petit-fils Pierre II, tous ses fiefs dont Ville-La-Grand. Le Comte Amédée II de Genève, allié au Sire du Faucigny, ravagèrent les environs de Genève et prirent le Château de Ville-La-Grand, le 20 août 1307. Jeanin De Grailly, en 1356, est le premier membre des De GRAILLY de Ville-La-Grand connu avec certitude... Amédée De Grailly, fils de Aymon, fut le premier à posséder et à résider à Ville-La-Grand, partagée avec Anne De Grailly. En 1424, Le Comté de Genève fut réuni à la Savoie. En 1482, on compte 60 feux, c'est à dire 250 à 300 habitants. Robert, fils d 'Amédée, reprit la Seigneurie de Ville-La-Grand au décès de son père en la partageant avec Louis De Grailly. Les Bernois déclarèrent la guerre au Duc de Savoie au début de l'année 1536, le château de VILLE-LA-GRAND fut brûlé au cours de l'invasion. En 1592, pour sa sauvegarde, Genève décida de ruiner tous les châteaux de ses environs dont celui de Ville-La-Grand. Les Savoyards souhaitent en finir avec Genève et c'est "1 Escalade" manquée (1602) suivie du Traité de Saint Julien. Les premières armes des De Grailly figurent sur un cachet de cire appendu à un document de Pierre De Grailly, conservé au Musée aquarium d'Arcachon.

La famille gardera le fief de VILLE-LA-GRAND jusqu'en 1748. A ce moment là, la veuve de Charles Nicolas De GRAILLY épousera François de Gondé qui passera une " reconnaissance " pour les masures du château en 1773.

C 'était le commencement de la fin pour la famille De GRAILLY de VILLE-LA-GRAND qui ne survivra pas dans ses attributions seigneuriales au nivellement révolutionnaire de 1789. Il n'en demeure pas moins que cette famille a joué un rôle de premier plan, et que son histoire demeure étroitement liée à celle de VILLE-LA-GRAND. La famille s'est éteinte, selon les experts avec la dernière des filles de Joseph-Antoine : Louise-Françoise qui épousa Claude PACORET comte de Saint-Bon, Sénateur Président du Tribunal de CHAMBERY, au XIXème siècle.

L'historique de VILLE-LA-GRAND comporte tout naturellement un grand volet de vie paroissiale, car l'église a tenu pendant plusieurs siècles un rôle très important, ici comme ailleurs. Mais la développer, ce serait ne rien oublier ! N'oublions pas que notre région a très fortement été influencée par la Réforme, et notre commune, comme toutes ses voisines, a subi les contre coups de nombreuses influences qui se sont succédées. toutes mériteraient d'être citées. Depuis la chute de ROME jusqu'à l'approche de la Révolution, il y aurait en effet beaucoup de choses à dire.

Le plus simple, nous l'avons déjà dit, serait de réactualiser et rééditer le livre d 'Abel Jacquet où nous puissons l'essentiel de l'historique que nous vous présentons. II traite avec beaucoup de détails cette période où la paroisse tient un rôle de premier rang...

Nous resterons donc dans l'essentiel de la vie communale en tant que telle, sachant que cette plaquette, qui ne se veut en aucun cas un livre, évoquera dans d'autres chapitres, des aspects spécifiques de tel ou tel édifice, l'église à elle toute seule méritant qu'on s'y attarde un peu...

LA COMMUNE AUX XVIIème et XVIIlème siècles...

Au XVIIème siècle, la communauté était administrée, sous le contrôle d'un châtelain, par deux syndics qu'il nommait chaque année, et dont le rôle consistait essentiellement à percevoir la taille ou l'impôt de chaque particulier. Les deux syndics et quatre conseillers composaient le Conseil de Paroisse ou Communauté. Deux procureurs représentaient cette dernière, agissant dans certains actes, au nom de tous les habitants, notamment pour les reconnaissances de fiefs.

Au XVIIIème siècle, il n'y eut à VILLE-LA-GRAND, plus qu'un syndic et quatre conseillers. Le mandat de syndic ne durait qu'un an, et était renouvelé par vote, en Janvier. A cette fin, le châtelain convoquait sur le cimetière, à l'issue de la messe paroissiale, le conseil de communauté et les communiers. Et on note qu'à partir de 1748, les réunions eurent lieu dans la maison d'un particulier, M. Joseph GARDY Détail intéressant: le syndic était chaque fois remplacé par le plus ancien des conseillers. Précisons aussi que le châtelain était toujours un notaire, et il en existait un dans chaque Seigneurie. Ses fonctions étaient à peu près semblables à ce que furent celles d'un juge de paix ou d'un maire (avant la décentralisation, bien sûr).

En 1798, GENÈVE, prise par les Soldats de la République, fut rattachée à la FRANCE et devint chef-lieu du Département du Léman dans lequel fut inclus le district de CAROUGE, et par le fait, VILLE-LA-GRAND qui en dépendait. Le clocher de VILLE-LA-GRAND s'était trouvé mutilé et découronné, ce qui n'empêcha pas le citoyen Pépin d'en décider la réparation en 1798. Le calendrier républicain était mis en place et le jour de repos n'était plus le dimanche, mais le 10e jour (décadi). Puis le 17 février 1800 (28 Pluviôse AN VIII), les municipalités de canton furent supprimées pour faire retour au système de Conseil de Commune ou Conseil Municipal. Le citoyen Pépin fut nommé Maire, le 16 mai

1800 par le Préfet du Léman, et FERT, son adjoint. Dix conseillers complétaient l'assemblée communale. L'obsession anticléricale était toujours autant soutenue, le Maire Pépin se chargeant du respect des règles, comme de la création de patrouilles de nuit de six hommes pour faire face au brigandage. Le 14 juillet était par contre l'occasion pour les élus de participer à des manifestations patriotiques de grande ampleur. Sous l'EMPIRE, dès lors que BONAPARTE devint NAPOLÉON Ier (1805.1804), furent rétablis les cultes religieux, et mieux encore, les cabarets, caves, boutiques et autres lieux publics devaient être fermés pendant l'Office (arrêté du 14 juin 1805). LE MAIRE ÉTAIT TOUJOURS... Antoine PÉPIN, et son comportement passa soudainement de l'anticlérical au pro-clérical convaincu ! Il avait l'art de s'adapter ! Mais il fut rapidement remplacé à cette fonction par Humbert BORGEL, qui mourut en 1812 à l'âge de 79 ans, et ce fut Jean-Louis SALES qui lui succéda. Période de difficultés pour la commune, économiques principalement mais aussi politiques : c'était la fin du règne de NAPOLÉON et GENÈVE retrouva son indépendance le 31 décembre 1813.